Tribune du groupe Renouveau Bordeaux du 21 octobre 2024

Il aura fallu 2 semaines de communication intense à Pierre Hurmic en août dernier pour réussir à faire croire à tout le monde que les fournitures scolaires des élèves de CP de Bordeaux seraient « gratuites » à cette rentrée. La presse, y compris nationale, a largement relayé et loué cette initiative prétendue « égalitaire » et qui coûterait « 32.000 € d’investissement pour la Ville ».

Il aura fallu quelques jours aux écoles élémentaires pour comprendre la supercherie et les limites de ce coup de com’ : ce sont à elles de payer ces fournitures, sur le budget qui leur est annuellement alloué par la Ville.

De surcroit, elles déplorent de ne pas avoir été associées au choix de ce kit de fournitures, de leur qualité et de leur nombre. À votre avis, combien de temps dure un unique crayon à papier dans la main d’un élève de 6 ans qui découvre les joies de son taille-crayon ? [réponse : 2 semaines, sur les 36 de l’année scolaire].

Les premiers conseils d’école se sont tenus : comment payer le réapprovisionnement des fournitures qui manquent déjà, celles qui ont dû être jetées car de mauvaise qualité, celles qui ne sont pas adaptées, celles qui n’ont pas été prévues dans ce kit ? Quels choix budgétaires – choisir c’est renoncer – opérer ?

Le matériel de sport défectueux ne sera pas remplacé. Les cahiers de travail adaptés pour les élèves « dys » ne seront plus fournis par l’école, mais les parents. Les professeurs devront s’équiper sur leurs deniers personnels pour ne pas grever le budget de leur classe.

En synthèse, les écoles et les enseignants se retrouvent dépossédés de leur liberté pédagogique et sont contraints de s’asseoir sur l’égalité des chances de tous les élèves au nom d’une prétendue « gratuité » voulue pour « l’égalité », couverte par ailleurs et entre autres par l’allocation de rentrée scolaire de la CAF.

Pourtant celui qui se dit maire « pragmatique » n’a pas de difficulté à répondre aux élèves de Sciences-Po en octobre dernier : « La gratuité des transports ? Cela n’existe pas. C’est le contribuable qui paie. Je préfère la tarification sociale ».

La gratuité des fournitures scolaires, cela n’existe pas. Ce sont les écoles qui payent.

Groupe Renouveau Bordeaux
Thomas Cazenave, Catherine Fabre, Anne Fahmy et Aziz Skalli