Le récit d’une ville qui serait devenue cyclable ou la méthode Coué

Nous ne comptons plus les labels ni les classements qui élèveraient Bordeaux au premier, deuxième, dixième… rang des grandes villes dans lesquelles il fait bon prendre son vélo comme moyen de transport au quotidien, ni les autosatisfecits d’une équipe municipale qui sont pourtant bien éloignés des engagements qu’elle avait pris devant les Bordelais il y a 3 ans.

Si nous saluons le développement indéniable de la pratique du vélo pour se déplacer, il faut relativiser les conditions dans lesquelles elle s’opère à Bordeaux, la réalité des réalisations de l’équipe municipale et leur volonté de répondre aux attentes exprimées.

S’il ne fallait avoir qu’un seul indicateur pour juger de la nature « cyclable » de notre ville, il pourrait être le suivant : « Est-ce que je laisse mon enfant de 11 ans faire ce trajet à vélo ? ». Autrement dit, est-ce que les infrastructures pour rouler, franchir un croisement, franchir la Garonne, stationner son vélo, existent et sont assez sécurisées et sécurisantes ?

« Est-ce que je laisse mon enfant de 11 ans faire ce trajet à vélo ? »

Force est de constater que ce ne sont pas les 1,5 km de pistes cyclables en site propre créés chaque année depuis 2020 qui vont suffire à sécuriser la pratique du vélo à Bordeaux, ni les 9 km de voies de bus cyclables pérennisés sur les boulevards en 2021 ou encore les rues étroites que l’on peut théoriquement emprunter à contre-sens à vélo.

Les cyclistes déplorent encore quotidiennement les incivilités du stationnement gênant qui n’est que trop rarement verbalisé, les conflits d’usage à l’œuvre aux intersections qui n’ont pas été pensées ou revues pour faire cohabiter piétons, vélos, bus, tram et voitures ou l’état de certaines pistes ou bandes cyclables non entretenues, à la suite de travaux ou par simple vétusté.

Pourtant, Pierre Hurmic, Maire de Bordeaux et Premier Vice-Président de la Métropole, avait signé le plaidoyer de l’association Vélo-Cité en 2020 pour « La Métropole à Vélo ». Il avait signé pour développer 295 km de réseau cyclable d’ici 2026 : sécurisé car « aménagé spécifiquement sur la totalité du parcours, carrefours et intersections compris », efficace, entretenu et lisible. Nous ne l’avions pas signé alors. Non pas parce que nous ne partagions pas les objectifs visés, mais parce que nous estimions ne pouvoir développer que 200 km de ce réseau, sur les 295 km proposés par Vélo-Cité.

À mi-mandat, l’équipe municipale bordelaise est bien loin des engagements qu’elle avait pris. Si l’on peut se satisfaire du développement de la pratique du vélo à Bordeaux, on ne peut se contenter des quelques aménagements mis en œuvre pour les déplacements à vélo ou pour leur stationnement. Le récit est joli, la réalité un peu moins.

Groupe Renouveau Bordeaux
Thomas Cazenave, Catherine Fabre, Anne Fahmy et Aziz Skalli