Tribune du groupe Renouveau Bordeaux du 12 février 2024
Si l’équipe municipale semble faire montre de volontarisme en matière d’égalité entre les femmes et les hommes et entend encourager l’évolution des mentalités à Bordeaux, il n’en demeure pas moins qu’en pratique, la réalité reste très éloignée de la théorie.
Contrairement à ce que laisse penser l’adage, ce n’est pas l’intention qui compte, ce sont les actes et leurs conséquences.
La majorité municipale, si elle prétend désormais observer ses budgets sous le prisme de l’égalité femmes-hommes, omet pour autant d’anticiper et d’évaluer les conséquences de ses décisions sur les inégalités qu’elles peuvent engendrer entre les femmes et les hommes. Il y a des décisions qui excluent les femmes en les empêchant et d’autres en les poussant à s’empêcher.
Les nouveaux critères d’attribution des places en crèche, mis en place en 2022, sont un premier exemple d’exclusion. En réformant les critères d’accès aux crèches, de nombreux couples d’actifs se sont vu refuser une place qui aurait pu leur être attribuée un an plus tôt. Ainsi nous avons reçu des dizaines de témoignages de femmes déclarant devoir s’arrêter de travailler pour garder leur enfant, faute d’une solution de garde adaptée à leurs besoins et contraintes. Car en l’absence d’égalité salariale, se sont majoritairement les femmes qui se voient contraintes de mettre entre parenthèses leur activité professionnelle. En l’absence d’une évaluation a priori et a posteriori de cette décision, l’équipe municipale n’a pas mesuré que ses choix empêchent des femmes.
Second exemple d’exclusion : il y a un an, Pierre Hurmic décidait, sans concertation et plutôt que d’accélérer le déploiement des éclairages LED et des détecteurs de présence, d’éteindre 57% de l’éclairage public la nuit. Depuis, et encore récemment, les retours d’expériences de femmes se sont multipliés et illustrent les résultats de l’enquête que nous avons menée à ce sujet : le sentiment d’insécurité généré par l’extinction a amené les Bordelaises à changer leurs habitudes. En l’absence d’une évaluation de cette décision, l’équipe municipale n’a pas mesuré que ses choix poussent des femmes à s’empêcher, de sortir, de rentrer tard, de prendre leur chemin habituel, de rentrer à pied, de rentrer seule, etc.
Comme nous l’avions proposé, l’équipe municipale aurait pu mener – avec des femmes, des « marches exploratoires » dans l’espace public, en situation, pour repérer avec elles les difficultés pour voir/être vue, entendre/être entendue, se repérer dans un espace urbain, entretenu et attractif. Le tout avec écoute, concertation et expérimentation.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, pour écouter les femmes, pour évaluer de manière qualitative, pour adapter ses décisions, pour rendre Bordeaux plus inclusive.
Groupe Renouveau Bordeaux
Thomas Cazenave, Catherine Fabre, Anne Fahmy et Aziz Skalli