Tribune de Renouveau Bordeaux du 10 mai 2021, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition
Journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions
Bordeaux a profité de la traite négrière et de tout le système esclavagiste de la fin du XVIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle. La ville était le premier port colonial pour le commerce de denrées coloniales produites par les esclaves, et le troisième port négrier, à l’origine de la déportation de 150 000 africains enlevés à leur famille, à leur village, assimilés à des marchandises, niés dans leur humanité.
Cette journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, existe depuis 15 ans et fait suite à la reconnaissance pour la première fois dans le monde, par la France, depuis la loi Taubira de 2001, de la traite et de l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
Cette journée a pour but que ces pages tragiques de notre histoire, à Bordeaux, comme dans de nombreux endroits en France et dans le Monde, ne soient jamais oubliées. Elle a également pour but que cette abomination, cette tâche indélébile qui laisse tant de souffrances dans tant de familles, de nos sociétés contemporaines, soit enfin regardée en face.
Depuis plus de dix ans, la Ville de Bordeaux a engagé un profond travail de mémoire : dès 2006, avec l’apposition d’une plaque commémorative sur les quais en face de la bourse maritime, en 2009, avec l’inauguration de salles permanentes dédiées à l’esclavage et à la traite négrière au musée d’aquitaine, en 2019, avec l’installation sur les quais de la Garonne d’une statue de Modeste Testas, esclave déportée à St Domingue, dont les descendants ont pu retracer le parcours. Également avec le mémorial du square Toussaint Louverture, mettant en valeur la biographie de ce chef de la révolte de Saint Domingue, qui conduisit à l’abolition de l’esclavage sur l’ile en 1793. Aussi, avec l’apposition de plaques explicatives dans cinq rues de Bordeaux qui portent des noms de négriers.
Nous devons continuer ce mouvement, pour une meilleure visibilité des symboles et des traces mémorielles qui racontent l’histoire de la traite humaine à Bordeaux, pour un meilleur accès à l’information mémorielle. Entretenir cette mémoire, c’est d’abord rendre hommage et honorer toutes les victimes de ce trafic et de cet asservissement. C’est également faire vivre le syncrétisme culturel, né des brassages de l’histoire de la France et dont le métissage des cultures est le résultat le plus éloquent. Oui, la diversité est une force.
N’oublions jamais que la République s’est construite avec le mouvement abolitionniste. L’esclavage fut en effet aboli avec la Première République en 1794, puis définitivement par la Deuxième République le 27 avril 1848.
La fraternité enfin mérite d’être chérie. Car ces combats contre l’esclavage et pour la mémoire ne sont pas ceux d’un groupe ou d’une communauté. Ils sont universels, ils nous obligent et nous concernent tous, nous les portons chacun en nous, et c’est parce que chacun d’entre nous porte le combat de tous que nous formons une nation indivisible et rassemblée.
Reconnaître le passé, ses horreurs, sa barbarie, nous permet d’aborder l’avenir avec humanisme, conscience et vigilance. Conscience que la barbarie est une composante de notre humanité. Vigilance pour ne pas lui permettre de s’exprimer et de se répandre à nouveau.
Pour regarder l’histoire en face et honorer notre devoir de mémoire tout comme notre attachement indéfectible à la défense des Droits de l’Homme aujourd’hui comme demain.
Renouveau Bordeaux
#10mai 🇫🇷 | Pour regarder l’histoire en face et honorer notre devoir de mémoire tout comme notre attachement indéfectible à la défense des Droits de l’Homme aujourd’hui comme demain. pic.twitter.com/xpmqkpILDN
— Renouveau Bordeaux (@RenouveauBdx) May 10, 2021