Communiqué du groupe Renouveau Bordeaux du 8 avril 2025

Pour sortir des postures et des idées reçues sur la sécurité à Bordeaux, Thomas Cazenave et les élus du groupe Renouveau Bordeaux qu’il préside, dressent le bilan factuel de la sécurité à Bordeaux, à l’appui des chiffres du ministère de l’Intérieur du 27 mars 2025, de l’INSEE et de la Ville de Bordeaux, entre autres.
Si Bordeaux, comme les autres grandes villes françaises comparables, n’est pas épargnée par les incivilités et la délinquance, elle fait figure d’exception dans la dégradation notable de la situation.
Depuis 2019, Bordeaux s’est hissée sur le podium des 17 villes de 150.000 à 350.000 habitants :
- À la 1re place pour les vols violents sans arme et les vols sans violence contre les personnes ;
- À la 2e place pour les violences sexuelles, les vols avec armes, les vols dans les véhicules et les escroqueries ;
- À la 3e place pour les « autres coups et blessures volontaires», les cambriolages, et les destructions et dégradations volontaires.
Depuis 2020, Pierre Hurmic a beaucoup communiqué et peu agi pour la sécurité des Bordelais, frappé d’un déni de réalité : Bordeaux dépense beaucoup moins que les autres grandes villes pour sa sécurité, le nombre de policiers stagne à Bordeaux avec un turn-over important et loin de la moyenne des grandes villes, il a fait le choix de demi-mesures, pour l’armement et pour lutter contre les incivilités.
« Depuis son élection, Pierre Hurmic ne prend pas les mesures à la hauteur de la situation, j’appelle donc à un ‘plan Marshall’ de la sécurité à Bordeaux. » – Thomas Cazenave
Face à ce constat, le « plan Marshall » proposé par Thomas Cazenave, porte la dépense municipale pour la sécurité de 15 à 20 M€ par an et s’articule autour de 3 priorités :
- Accélérer le recrutement dans la police municipale de Bordeaux pour doubler le nombre d’agents sur le terrain en 2 ans
- Déployer un plan de reconquête des quartiers gangrenés par l’insécurité et le trafic de stupéfiants
- Renforcer la protection des Bordelaises et des Bordelais dans l’espace public
Bordeaux sur le « podium » de l’insécurité
Au micro d’Europe 1 en avril 2024, Pierre Hurmic déclarait que « Bordeaux est une ville moins touchée que d’autres par rapport à une délinquance en recrudescence au niveau national ».
Pourtant en 2024, comparée aux 17 villes de 150.000 à 350.000 habitants (de Nîmes à Nice), sur les 16 indicateurs du ministère de l’Intérieur, Bordeaux se retrouve 9 fois sur le podium de l’insécurité : Vols violents sans arme (2024 : 1e, 2019 : 2e), Vols sans violence contre des personnes (1e comme en 2019), Vols avec armes (2e, 2019 : 8e), Vols dans les véhicules (2e, 2019 : 4e), Violences sexuelles (2e comme en 2019), Cambriolages (3e, 2019 : 6e), Escroqueries (2e, 2019 : 3e), … (voir tableau en fin de document)
Lorsqu’elle n’est pas sur le podium, Bordeaux enregistre quand-même une augmentation de 19% des Coups et blessures volontaires et de 4% des Vols de véhicules depuis 2019.
Fort heureusement, d’autres indicateurs montrent une amélioration à Bordeaux entre 2019 et 2024, comme le trafic de stupéfiants (8e en 2024, 5e en 2019) qui est en baisse.
Bordeaux dépense beaucoup moins que les autres grandes villes pour sa sécurité
Malgré une augmentation de la dépense par habitant pour la Sécurité (notamment du fait des revalorisations du point d’indice des agents, 91%* de la dépense portant sur la rémunération), la ville de Bordeaux dépense beaucoup moins que les grandes villes comparables :
CA = Compte Administratif BP = Budget primitif |
CA 2020 | Médiane 2023* | CA 2023 | BP 2025 |
---|---|---|---|---|
Dépense de fonctionnement pour la sécurité |
9 034 453 € | – | 10 489 294 € | 11 212 569 € |
dépense par habitant | 34,70 € | 46,50 € | 39,54 € | 42,27 € |
* source : Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales – villes touristiques de plus de 100.000 habitants
Au conseil municipal du 29 septembre 2020, Amine Smihi, alors adjoint au Maire en charge de la Sécurité, affirmait : « Nous sommes la Ville qui dépense moitié moins d’argent public pour cette politique primordiale au bien-vivre et à la cohésion sociale entre tous les Bordelais. 31 euros par habitant, c’est le constat que nous faisons, 72 euros en moyenne pour les grandes villes de France hors Paris. »
Le nombre de policiers municipaux à Bordeaux stagne, loin de la moyenne des grandes villes
En matière d’effectifs, la communication de Pierre Hurmic amalgame « postes ouverts », « agents en poste », « policier municipal », autre agent de la direction de la Police municipale, etc. Il existe ainsi un écart entre les chiffres communiqués et la réalité de l’organigramme :
CA = Compte Administratif BP = Budget primitif |
CA 2020 | CA 2023 | BP 2024 | BP 2025 |
---|---|---|---|---|
Postes de catégorie C ouverts | 133 | 166 | 178 | 178 |
Agents de catégorie C en poste | 121 | 133 | 146 | 133 |
dont Policiers en poste | – | 100** | 100 * | 103 * |
* source : Organigrammes de la Ville de Bordeaux au 1er janvier
** source : Rapport Social Unique 2023 de la Ville de Bordeaux (2022 : 97 policiers)
Quand Pierre Hurmic annonce augmenter les effectifs de 10 policiers chaque année, comme il s’y est par ailleurs engagé dans le Contrat de Sécurité Intégrée (CSI) signé avec l’État, il ouvre en effet des postes. Mais dans l’organigramme, le nombre de policiers n’augmente pas depuis 4 ans.
Extraits du Rapport Social Unique de la Ville de Bordeaux (année 2022 puis 2023)
D’après l’INSEE, en 2019, les villes de plus de 100.000 habitants emploient en moyenne 5,1 policiers municipaux pour 10.000 habitants, soit l’équivalent de 135 policiers municipaux pour Bordeaux qui n’en compte que 100 en 2024.
À titre de comparaison, le Rapport Social Unique de Montpellier en 2023 (307.000 habitants) fait état de 157 policiers municipaux en poste, celui de Toulon en 2023 (180.000 habitants), 111 policiers en poste.
Armement partiel des policiers municipaux : une demi-mesure contre-productive
Sans qu’aucun débat municipal ne soit organisé sur la question, Pierre Hurmic annonce à la presse vouloir armer la moitié de ses policiers municipaux pour sécuriser les missions des agents et ainsi améliorer l’attractivité du métier.
Toutefois, en n’armant que la moitié de ses agents déjà en poste, les nouveaux arrivants ne pourront pas prétendre à l’armement, faisant ainsi tomber l’argument d’attractivité du métier. Cela créé en outre 2 catégories d’agents au sein même de la police municipale de Bordeaux : ceux de la « brigade d’appui et de sécurisation » qui seront armés, et les autres, qui ne seront pas plus sécurisés au quotidien dans leurs missions qu’aujourd’hui.
Une occasion manquée pour rendre le métier de policier municipal plus attractif à Bordeaux
Pierre Hurmic le reconnaît lui-même, il peine à recruter ses policiers municipaux. Il peine aussi à les fidéliser, comme le montre le Rapport Social Unique de la Ville pour l’année 2023 : l’ancienneté des agents de catégorie C de la police municipale a reculé de près de 2 ans en 1 an. Autrement dit, un grand nombre d’agents expérimentés a quitté la police municipale de Bordeaux en 2023, remplacés par de nouveaux agents.
Filière Police municipale – Catégorie C | 2021 | 2022 | 2023 |
---|---|---|---|
Nombre d’agents (dont policiers) | 128 | 129 | 132 |
Ancienneté moyenne | 9 ans et 11 mois | 10 ans et 7 mois | 9 ans et 4 mois |
Source : Rapport Social Unique de la Ville de Bordeaux (années 2021, 2022 et 2023)
Cette tendance semble se poursuivre en 2024 puisqu’en janvier 2025, 3 postes de Responsable de brigade sont à pourvoir sur les 7 brigades que compte désormais la Police municipale avec la nouvelle brigade « anti-incivilités » toujours en cours de constitution (le poste de responsable reste à pourvoir).
Ce turn over montre que les conditions de travail des policiers municipaux doivent être interrogées, analysées et améliorées.
Fin 2024, Pierre Hurmic n’a pas saisi l’occasion – par l’application d’un décret de juin 2024 – de revaloriser la rémunération des agents et d’objectiver leurs indemnités, pour concourir à l’attractivité de leur métier, et au sein de ce métier, à des missions ou des conditions qui peuvent être plus pénibles ou plus contraintes.
Agent de police municipal de catégorie C | Plafond décret | Bordeaux | Nice |
---|---|---|---|
Part variable – Plafond annuel | A = 5000 € | 2400 € | 5000 € |
Part variable – Versements mensuels max | B = 2500 € / 12 | 100 € | 208 € |
Part variable – Versement annuel max | A-B | 1200 € | 2500 € |
Comparaison des nouveaux régimes indemnitaires bordelais et niçois
Pierre Hurmic n’a pas non plus saisi l’occasion de l’ouverture d’une Mission d’Information et d’Évaluation à notre demande, qui aurait permis, entre autres, de faire la lumière sur les difficultés rencontrées par nos agents.
La brigade « anti-incivilités » de Bordeaux : 7 agents seulement
Annoncée en grandes pompes en janvier 2024 pour l’été 2024, puis de nouveau en février 2025, la nouvelle brigade « anti-incivilités » peine encore à être pleinement opérationnelle. Elle est constituée à date de 5 policiers municipaux et de 2 agents chargés du contrôle des débits de boisson et reste toujours à la recherche de son responsable.
Quand les 17 agents de la brigade anti-incivilités de Rennes ont dressé en moyenne 500 verbalisations par mois en 2024, les 5 de Bordeaux ont verbalisé 80 fois au mois de janvier 2025, focalisant leurs missions sur la recherche chronophage des auteurs d’infraction, en fouillant les poubelles.
Les élus de Renouveau Bordeaux avaient proposé en 2022 à Pierre Hurmic d’installer une brigade mixte dédiée aux incivilités liées aux déchets et à la propreté, constituée de policiers et d’agents de la propreté assermentés pour verbaliser.
Le déni de réalité de Pierre Hurmic
Pierre Hurmic fait perdre un temps précieux à Bordeaux et aux Bordelais par ses atermoiements :
- Il était contre la vidéoprotection (« Je ne serai pas le maire de la multiplication des caméras »)
- Il a refusé de signer un Contrat de Sécurité Intégrée avec l’État quand cela lui a été proposé en 2021 par Catherine Fabre alors députée, puis a négocié ses exigences pendant de longs mois avant de le signer
- Il a souvent répété que l’État était responsable de la sécurité, pas lui (« La sécurité publique, c’est du ressort de l’État, la police municipale a des missions de tranquillité publique »),
- Il a refusé tout débat municipal sur l’armement des policiers municipaux, mais a finalement décidé d’en armer la moitié (après avoir commandé un sondage) (« Bordeaux n’est pas le Far West », « Je ne suis pas un maire shérif »)
- Il a refusé la tenue d’une Mission d’Information et d’Évaluation sur la sécurité à Bordeaux (« Aidez-nous à lutter contre la grande délinquance au lieu de chicailler sur une proposition que nous vous refusons »)
- Depuis 3 ans il déclare recruter 10 policiers par an, sans augmenter l’effectif
- Il a éteint l’éclairage public en 2023 pour commencer à le rallumer en 2025 (« Il n’y a pas plus d’insécurité dans une rue qui n’est pas éclairée la nuit »)
Pierre Hurmic ne s’est jamais sérieusement saisi de la question de la sécurité à Bordeaux, la sous-estimant ou la renvoyant à un « sentiment d’insécurité » ou une responsabilité de l’État seul.
Pierre Hurmic choisit des « demi-mesures » ou des mesures en trompe-l’œil à l’approche des prochaines élections municipales : en augmentant le nombre de postes de policier, sans rendre le métier plus attractif, en armant seulement la moitié de ses policiers, en créant une brigade « anti-incivilités » sous-dimensionnée, en rallumant, un peu, l’éclairage public, etc.
Nos propositions pour agir pour plus de sécurité à Bordeaux
Considérant que l’action de Pierre Hurmic en matière de sécurité n’est pas à la hauteur de la situation à Bordeaux, les élus du groupe Renouveau Bordeaux n’ont eu cesse de faire des propositions depuis 2020 et proposent un véritable « plan Marshall » de la sécurité pour mettre fin aux demi-mesures :
- Accélérer le recrutement dans la police municipale de Bordeaux pour doubler le nombre d’agents sur le terrain en 2 ans
- Armer et former tous les agents de la police municipale, sans exception
- Renforcer la doctrine d’engagement des policiers municipaux pour clarifier leurs missions et leur donner le pouvoir d’agir en toute circonstance
- Refondre le système indemnitaire des agents pour l’objectiver et rendre le métier plus attractif
- Déployer un plan de reconquête des quartiers gangrenés par l’insécurité et le trafic de stupéfiants
- Renforcer et investir dans la coordination entre la police municipale, la police nationale et les services de l’État pour démanteler les réseaux entretenant la délinquance en ville
- Îloter les brigades dans tous les quartiers de Bordeaux pour plus de présence permanente
- Monter un plan de démantèlement et fermeture de tous les commerces qui entretiennent et contribuent au trafic en ville
- Revoir les dispositifs de préventions et de santé publiques pour lutter contre la consommation des drogues dures, notamment dans l’espace public
- Renforcer la vidéosurveillance dans tous les quartiers, notamment les quartiers commerçants et autour des équipements sportifs, en portant le nombre de caméras à 300 d’ici 2026
- Renforcer la sécurité dans les parkings publics
- Renforcer la protection des Bordelaises et des Bordelais dans l’espace public
- Rallumer l’éclairage public partout et toute la nuit dans Bordeaux et investir massivement dans la modernisation du réseau
- Renforcer la présence des policiers municipaux dans les quartiers de vie nocturne, notamment aux heures de sortie des bars et établissements de nuit
- Renforcer les dispositifs de lutte contre le harcèlement de rue et dans les transports en commun
Ainsi, nous porterons le budget municipal pour la sécurité à près de 20 millions d’euros, contre 15 actuellement.
Groupe Renouveau Bordeaux
Thomas Cazenave, Catherine Fabre, Anne Fahmy et Aziz Skalli